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Ancien toxicomane, il distribue des seringues propres dans une croisade contre le VIH

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Source : ici.radio-canada.ca

Un ancien toxicomane distribue des seringues propres à Saskatoon, une ville privée de centre d’injection supervisée, tout comme les autres municipalités de la Saskatchewan.

La province a pourtant le plus fort taux d’infection au VIH du Canada. En 2015, ce taux était 2,4 fois plus élevé que la moyenne nationale, selon des statistiques du gouvernement saskatchewanais.

Un ex-toxicomane au service des autres

Deux à trois fois par semaine, Terry Grady, du groupe Saskatoon Cares, remplit son sac de seringues propres et de préservatifs. Il sillonne bénévolement les quartiers défavorisés pour les distribuer à des toxicomanes, dans les endroits où les autorités ont du mal à aller.

Il rencontre des travailleurs et travailleuses du sexe et va dans les maisons de vente de drogues détenues par des gangs de rue.

Pendant la semaine, les autorités sanitaires de Saskatoon n’offrent pas de service d’échange de seringues après 23 h 30.

La dépendance n’a pas de quart de travail. Il faut aider les toxicomanes en tout temps. Terry Grady

Terry Grady connaît les rouages de la dépendance. Ex-toxicomane, ex-itinérant et ex-membre d’un gang de rue, il dit avoir survécu à 18 surdoses.

Il raconte qu’il ramasse 2500 seringues souillées et distribue 1000 seringues propres par semaine à Saskatoon.

Un soir d’avril, lors d’une patrouille à pied dans l’ouest de la ville, Terry Grady a ramassé des centaines de seringues souillées.

Il les remet à l’Autorité de santé de la Saskatchewan, qui à son tour lui donne des seringues propres destinées aux toxicomanes.

Réduction des méfaits

Terry Grady a formé il y a moins de trois mois, avec d’autres anciens toxicomanes, le groupe Saskatoon Cares dans l’espoir de réduire les risques de transmission de maladies comme l’hépatite C ou le VIH ou de morts liées à la consommation de drogues en Saskatchewan.

Par exemple, de 2007 à 2016, le nombre de patients saskatchewanais devenus séropositifs par drogue d’injection est passé de 49 % à 79 %, selon des données provinciales. Ces patients représentaient 60 % des nouveaux cas recensés l’an passé.

Par ailleurs, un groupe de médecins a estimé, à l’automne 2016, que le taux de VIH-sida en Saskatchewan est si critique qu’il faut que le gouvernement décrète un état d’urgence en matière de santé.

Pour sa part, le médecin hygiéniste en chef adjoint de l’Autorité, Johnmark Opondo, défend le travail de la province en matière de prévention de la maladie.

« La Saskatchewan a une faible population, alors si on regarde les statistiques, 52 nouveaux cas de VIH à Saskatoon semblent un nombre important. Mais, comparativement à Vancouver, les chiffres ne sont pas si énormes », affirme-t-il.

Il indique que l’Autorité de santé n’a pas l’intention de changer les heures de fonction de son unité mobile.

Terry Grady pense que l’absence de programmes d’échange de seringues, la nuit, dans la Ville des Ponts démontre que la Saskatchewan a une attitude « arriérée » en ce qui a trait à la réduction des méfaits liés à la consommation de drogues.

« Nous avons un gouvernement provincial qui refuse de constater nos forts taux de VIH », estime-t-il.

Un travail bien accueilli

« Terry est un héros. Le fait qu’il fait tout ce travail est à la fois héroïque et triste », constate l’ex-toxicomane Marlon Gidluck.

Il affirme que des seringues propres sont essentielles à la survie et au bien-être des toxicomanes.

« Quand on est toxicomane et en manque, c’est comme si on est un poisson hors de l’eau qui tente de respirer », dit-il.

L’exemple montréalais

La directrice de l’organisme Cactus Montréal exprime son inquiétude face à la situation en Saskatchewan.

« Je suis inquiète et, en fait, je souhaite que les autorités de santé publique investissent davantage en prévention et en réduction des méfaits parce que c’est l’approche qui donne des résultats avec des populations comme des personnes qui utilisent des drogues par injection », explique Sandhia Vadlamudy.

On va à leur rencontre [des toxicomanes]. C’est une approche qui est pragmatique, qui est humaniste. Sandhia Vadlamudy, directrice générale de Cactus Montréal

Selon Mme Vadlamudy, Mme Cactus Montreal distribue 60 % du matériel destiné à la consommation de drogues sur l’île de Montréal. Cactus Montréal a une unité mobile qui se promène dans différents territoires de Montréal sept jours sur sept, de 22 h à 5 h du matin. L’organisme met également à la disposition des toxicomanes un centre fixe de 14 h à 4 h du matin pendant la semaine et de 14 h à 10 h du matin en fin de semaine.

À Saskatoon, le directeur général de l’organisme de soutien aux toxicomanes AIDS Saskatoon salue le travail de Terry Grady et abonde dans le même sens que Mme Sandhia Vadlamudy.

Il demande aux gouvernements fédéral et provincial d’injecter immédiatement des millions de dollars dans la réduction des méfaits associés à l’usage de drogues.

« Beaucoup de ces toxicomanes vivent dans une pauvreté abjecte, note Jason Mercredi. Ils ont à peine de l’argent pour se loger et ont besoin d’aide. »

En plus de Montréal, M. Mercredi ajoute que dans des villes comme Edmonton, Vancouver et Calgary, il existe des groupes semblables à Saskatoon Cares, qui livrent du matériel sécuritaire aux toxicomanes tard dans la nuit.

« Ici, il y a beaucoup d’usage de drogues et beaucoup de douleur », dit Terry Grady, qui souhaite avoir du financement pour ses activités dans le but d’élargir son champ d’action.

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