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Candlelight day : la lutte contre le sida n’est pas terminé

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Depuis 1983, comme chaque année, le « AIDS Candlelight Memorial Day » est célébré le 3e dimanche de mai.

C’est l’occasion pour des centaines d’organisations communautaires et des milliers d’acteurs de la lutte contre le sida répartis sur plus de 115 pays dans le monde de se mobiliser pour commémorer la mémoire des 36 millions de personnes décédées du sida depuis le début de l’épidémie et pour exprimer leur solidarité avec les 37 millions vivant aujourd’hui, au quotidien, avec le VIH.

C’est également l’occasion de mobiliser les jeunes générations en leur rappelant que le combat n’est pas terminé, que nous avons besoin d’eux pour poursuivre la lutte : besoin de jeunes chercheurs s’investissant dans la recherche sur le VIH ; de jeunes médecins portant une attention particulière à la parole de leurs patients et promouvant l’accès au dépistage, au préservatif ou aux traitements préventifs contre le VIH ; et besoin, plus que jamais, de jeunes acteurs/actrices associatifs menant des actions de prévention et accompagnant les personnes vivant avec le VIH et en grande précarité, souvent perdues dans les dédales de l’administration et de l’accès aux soins.

Plus largement, cette journée permet de rappeler à l’échelle internationale que les violences ou les répressions subies par les personnes homosexuelles, les personnes transgenres, les travailleurs.es du sexe, les détenus et les usagers de drogue font le lit de l’épidémie de VIH.

Cette année, le AIDS Candlelight Memorial Day lance un mot d’ordre : « Ending Aids Together  ».

« Ensemble contre le sida », c’est, depuis sa création, ce qui fonde Sidaction. Ce qui était le nom initial de l’association et en est devenu le principal slogan est à l’image de ce que nous sommes aujourd’hui. Chercheurs, acteurs communautaires et associatifs, cliniciens, personnes vivant avec le VIH, en France et à l’international, c’est ensemble que nous luttons et continuerons de lutter contre le VIH. Ensemble, avec la centaine de partenaires associatifs que nous soutenons en France, en Europe de l’Est et en Afrique Subsaharienne. Ensemble avec des structures telles qu’Actions Traitements, Aides, Act Up, Élus Locaux Contre le Sida ou SOS Hépatites avec qui nous avons bataillé pour la prochaine levée de l’interdiction des soins funéraires pour les défunts porteurs du VIH ou d’une hépatite.

C’est d’ailleurs ce sujet qui avait été mis en avant par Act Up lors de la célébration du Candlelight Day organisée par Sidaction en 2016 au Parc de la Villette, sur L’Artère, oeuvre commémorant les personnes décédées du sida. Et nous, n’oublions pas qu’aujourd’hui, comme tous les autres jours de l’année, ce sont plus de 3 000 personnes qui mourront du sida dans le monde, et près de 5 800 qui seront contaminées par le virus. Le combat est donc loin d’être terminé.

Comment pourrions-nous d’ailleurs imaginer qu’il le soit, lorsque chaque jour, de jeunes homosexuels, de jeunes transgenres, sont contaminés par le VIH ? Lorsque l’homosexualité est une cause d’humiliation, de violence, d’assassinat dans de trop nombreux pays, comment penser que ces jeunes puissent se préoccuper avant tout de leur santé et entamer une démarche d’accès à la prévention et aux soins, sans peur d’être jugé ?

Comment imaginer de baisser les bras lorsque les associations nous font part des conséquences de la loi pénalisant les clients des travailleur.ses du sexe, renvoyant ces derniers(ères) vers plus d’insécurité et de précarité ?

Comment envisager de rester silencieux tant que de jeunes femmes migrantes se contaminent après leur arrivée en France, lorsqu’elles sont contraintes d’accepter des rapports sexuels sans préservatif afin de s’assurer d’un toit pour la nuit chez un « protecteur bienveillant » ?

Comment imaginer ralentir notre action tant que des détenus ne pourront pas bénéficier des mêmes programmes de réduction des risques et d’accès aux soins qu’à l’extérieur, continuant ainsi de se contaminer par le VIH ou l’hépatite C ?

Comment rester immobiles devant les risques que représentent une baisse des financements aux organismes internationaux tels que le Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme ou UNITAID, alors que seule la moitié des personnes vivant avec le VIH dans le monde ont accès à un traitement ARV ?

Ces jours-ci marquent le début d’une nouvelle période de vigilance et de combats. Un nouveau gouvernement vient d’être nommé, nous laissant parfois sans voix devant certaines nominations, au vu des obstacles à la lutte contre le sida listés précédemment. Nous serons donc plus que jamais attentifs au respect des engagements pris par le précédent gouvernement et prêts pour les luttes qu’il nous faudra continuer de mener lorsque les acteurs de terrain n’auront pas été suffisamment entendus. Nous espérons que notre nouvelle ministre de la Santé impulsera la dynamique nécessaire, dans une démarche inter-ministérielle, pour que la très récente Stratégie Nationale en Santé Sexuelle soit effectivement mise en oeuvre au vu des enjeux qu’elle représente vis-à-vis de la lutte contre le VIH et les IST.

Et plus que jamais, à l’occasion de ce Aids Memorial Candlelight Day, c’est ensemble que nous y parviendrons.

Florence Thune, directrice générale de Sidaction

Sources : lesechos.fr

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