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Pourquoi les porteurs du VIH sont-ils si peu vaccinés contre la grippe ?

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Les guidelines internationaux préconisent le vaccin contre la grippe pour les patients porteurs du VIH. Une recommandation qui ne semble pas très bien suivie, si l’on en croit une enquête réalisée dans le service des consultations externes pour patients séropositifs de l’hôpital de Vienne. Au total, 455 patients ont répondu à l’enquête (359 hommes et 96 femmes) et il s’avère que seulement 11,9 % d’entre eux avaient été vaccinés contre la grippe au cours de la saison précédente.

Ce faible taux interpelle, d’autant que des études menées dans d’autres pays européens montre des taux de couverture vaccinale, certes supérieurs à celui retrouvé ici, mais quand même loin des objectifs et nettement inférieurs à celui des USA. En France par exemple, deux enquêtes révélaient, l’une un taux de 21 %, l’autre de 31 %. Les auteurs ont donc cherché à repérer quelles raisons poussaient les patients à refuser le vaccin et au contraire les circonstances qui favorisaient la vaccination.

Pour les premières, la crainte des effets indésirables est l’argument le plus souvent avancé par 39 % des patients. Vient ensuite le fait de considérer que la grippe n’est pas une maladie grave (36 %) et que cela ne mérite pas de risquer de compromettre l’évolution de l’infection par le VIH par un déséquilibre du système immunitaire que pourrait entraîner la vaccination (17 %). Enfin, 16 % des patients pensent que la vaccination ne sera pas efficace, du fait de l’atteinte de leur système immunitaire.

Les media semblent jouer un rôle crucial dans l’élaboration de ces arguments. En effet, 21 % et 15 % des patients accusent les articles ou les reportages émettant des idées négatives vis à vis de la vaccination d’être à l’origine de leur refus de la vaccination. En revanche, les auteurs ont identifié une circonstance qui a un impact considérable sur la décision de se faire vacciner. Il s’agit du conseil par le médecin traitant ou par le spécialiste VIH : la probabilité de la vaccination est 13 fois supérieure parmi les patients à qui elle a été recommandée par ces professionnels au cours d’une consultation.

Notons que les craintes de voir le cours de la maladie bousculé par le vaccin ne sont pas complètement infondées. Les travaux ont en effet montré une augmentation transitoire de l’ARN viral après la vaccination. Les taux reviennent toutefois rapidement à leur valeur initiale et n’ont pas d’incidence clinique. Plusieurs travaux ont aussi montré que la réponse au vaccin n’était pas toujours d’aussi bonne qualité, notamment chez les personnes dont le taux de CD4 est bas. Pour autant, il existe suffisamment de preuves pour dire que la vaccination contre la grippe est une mesure sûre et efficace dans ce groupe de patients.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES
Harrison N et coll. : Predictors for and coverage of influenza vaccination among HIV‐positive patients: a cross‐sectional survey.
HIV Medicine 2016 ; AOP: 10.1111/hiv.12483

Sources : JIM.fr

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