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Sida : des « super » récepteurs prometteurs pour contrôler la maladie

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Des « super » récepteurs présents chez les patients « contrôleurs du VIH » pourraient permettre de développer une immunothérapie contre le sida.

Moins de 1 % des séropositifs ne développent jamais le sida. Ces « contrôleurs du VIH », comme on les appelle, ont la faculté d’enrayer spontanément la multiplication du virus. À ce titre, ils sont d’un intérêt majeur pour les chercheurs, qui aimeraient bien savoir comment leur système immunitaire parvient à lutter contre le virus. Une étude, publiée vendredi dans Science Immunology, lève un peu plus le voile sur cette aptitude.

Le VIH s’attaque aux lymphocytes T CD4, des cellules impliquées dans la réponse immunitaire de l’organisme. Chez les patients contrôleurs, certains CD4 peuvent reconnaître facilement les cellules infectées par le VIH pour les éradiquer, avant même de pouvoir être infecté. Cette faculté semble liée à la présence de « super » récepteurs à la surface des CD4 : des capteurs moléculaires ayant l’intrigante particularité de se retrouver à l’identique chez plusieurs patients contrôleurs.

Un super récepteur peu regardant

« La probabilité de trouver un récepteur exactement identique chez différents individus est extrêmement faible, c’est comme gagner au loto », explique dans un communiqué le Dr Carine Farenc, de l’université Monash (Australie), qui a participé à l’étude. Il était donc plus que probable que ce « super récepteur » joue un rôle clé dans le contrôle de l’infection. Encore fallait-il comprendre lequel.

Pour y voir clair, les chercheurs ont utilisé le synchrotron australien, un microscope à rayons X de la taille d’un terrain de football, assez précis pour observer des liaisons moléculaires. Ils ont alors constaté que le « super » récepteur formait une liaison atypique avec les cellules infectées par le VIH : au lieu de reconnaître la cellule via sa carte d’identité immunitaire (HLA), comme c’est normalement le cas, il saute l’étape des présentations et reconnaît directement le VIH.

Vers une immunothérapie des CD4

« En termes thérapeutiques, c’est une très bonne nouvelle », indique Stephany Gras (université Monash), l’un des auteurs séniors de l’étude, à The Scientist. « Cela veut dire que nous pouvons transférer ce récepteur aux cellules immunitaires de différents individus avec des bagages génétiques différents. » Le CD4 muni d’un « super » récepteur n’est pas très regardant sur l’identité de sa proie : toute cellule infectée par le VIH peut être reconnue et éradiquée.

(Plus précisément, le récepteur reconnaît toute cellule d’un type génétique (HLA-DR) présent chez environ un quart de la population. Mais cette proportion a toutes les chances d’augmenter au fur et à mesure des recherches.)

La mise au point d’une immunothérapie fondée sur cette trouvaille pourrait s’avérer très prometteur. Elle consisterait transférer ce récepteur aux cellules immunitaires du patient séropositif, afin de lui faire bénéficier de l’étonnante capacité des patients contrôleurs. Des essais sur la souris sont d’ores et déjà à l’étude.

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