Capital.fr : Comment avez-vous eu l’idée de co-fonder Biosynex ?

Larry Abensur : J’ai créé Biosynex avec deux associés en 2005. Nous sommes partis du constat que des besoins restaient insatisfaits, dans le domaine du diagnostic médical. D’où l’idée d’une société offrant des tests de diagnostic rapide, ciblés sur des niches à forte valeur ajoutée. Alors que les géants de l’industrie du diagnostic, tels que le laboratoire suisse Roche ou son concurrent américain Abbott, commercialisent essentiellement des automates pouvant coûter des dizaines de milliers d’euros, nos produits coûtent beaucoup moins chers et ciblent les utilisateurs ayant besoin d’une réponse rapide, que ce soient des médecins, patients, laboratoires d’analyses, hôpitaux… Nos tests sur bandelettes de papier se passent de tout autre équipement ou de formation préalable et se lisent à l’oeil nu, au bout de seulement quelques minutes d’attente. Nous vendons notamment des tests de grossesse, de prédiction de date d’accouchement, d’angine… Pour ce dernier, nous avons l’exclusivité auprès de la Caisse nationale d’assurance maladie, avec 2 millions de tests vendus par an. Enfin, nous procédons actuellement au lancement d’un autotest VIH, qui a vocation à révolutionner son dépistage, d’abord en Europe.

Pourquoi considérez-vous cet autotest comme révolutionnaire ? Les autotests VIH existent déjà…

C’est le prix de notre autotest qui est révolutionnaire : 10 euros en France, contre 20 à 30 euros pour le prix d’un produit concurrent présent sur le marché national depuis deux ans, distribué par un simple importateur. Notre prix est bas car nous nous passons d’un intermédiaire et parce qu’il s’agit de notre propre technologie… Pour les futurs appels d’offres internationaux, qui porteront sur des millions d’autotests, le prix sera bas également.

Outre son prix, quel est l’intérêt de votre autotest et combien de malades pourraient en profiter ?

Près de 150.000 Français ont le Sida et on dénombre entre 7.000 à 8.000 nouvelles contaminations chaque année. Or, entre 25 et 30.000 malades ignorent qu’ils sont séropositifs… et beaucoup plus hors de l’Hexagone, notamment en Afrique et dans les autres pays émergents. Une fois contaminé, le malade doit vite se faire dépister, car avec une prise en charge rapide, il peut espérer vivre correctement et longtemps grâce aux traitements actuels. A contrario, s’il tarde trop, ça ne peut que mal finir… D’où l’intérêt de notre autotest, qui offre le quadruple-avantage d’un diagnostic simple, rapide, confidentiel et abordable. Biosynex est positionné sur un marché porteur, les autotests constituant une part importante des programmes de dépistage de l’Organisation mondiale de la santé.

Après le lancement en Europe, allez-vous rapidement mettre le cap sur l’international ?

Outre le marché français, notre autotest sera vendu dans les pays voisins. Le potentiel est par ailleurs important en Europe de l’Est, Russie comprise, où le Sida a une prévalence importante. Le déploiement européen de notre autotest VIH s’étalera sur le second semestre et en 2019. Nous devrons en revanche patienter un peu avant de nous attaquer au reste du monde. L’Organisation mondiale de la santé exige en effet une certification différente, comme préalable à la participation aux appels d’offres internationaux.

Avez-vous des objectifs de développement chiffrés ?

Biosynex va déployer progressivement son autotest VIH sur les deux ou trois prochaines années. D’ici 2020, nous espérons vendre plusieurs millions de tests par an. Alors que notre chiffre d’affaires a déjà bondi à 30,5 millions d’euros en 2017, contre 20 millions un an plus tôt – une envolée permise par une solide croissance organique et une acquisition -, nous visons 50 millions d’euros de facturations d’ici quatre ans, et notre autotest VIH pourrait contribuer pour moitié au développement attendu. Nos tests hépatiques (relatifs au foie, NDLR) ainsi que les futurs lancements d’un test gluten et d’un test tétanos devraient aussi porter la croissance…