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Source : SOS Hépatites

Pendant la pandémie de Covid, l’hépatite B continue ses ravages silencieux « le plus contemporain des virus, le SARS CoV 2, ne doit pas faire oublier le plus ancien virus séquencé chez l’homme, qui nous nargue depuis 7000 ans ». Un appel de la société civile à changer de regard sur cette maladie du foie.

Alors que la pandémie de Covid demeure à juste titre au centre de toutes les préoccupations, un virus beaucoup plus silencieux continue à faire des ravages dans le monde entier : le virus de l’hépatite B (VHB). Chaque jour, lui aussi tue des milliers de personnes, par cirrhose ou cancer du foie. Pourtant, lui aussi peut être vaincu grâce à un vaccin très efficace.

Initiés mi-2019, les États Généraux de l’Hépatite B se sont donné pour objectif de mieux mettre en lumière les conséquences de l’hépatite B en France et de formuler des propositions pour une politique plus volontariste contre cette maladie. À l’issue d’une mobilisation sans précédent, de plus d’un an, les participants ont remis aux pouvoirs publics une série de propositions concrètes en décembre 2020. Il est temps désormais de passer aux actes !

Les propositions émises par les États Généraux de l’Hépatite B, qui ont réuni l’ensemble des acteurs de la société civile – patients, soignants et acteurs médico-sociaux – visent à mieux informer le public, les soignants, les autorités sanitaires et politiques pour changer le regard sur cette maladie encore trop souvent stigmatisée, qui touche 135 000 personnes en population générale en France. Elles proposent de faire de chaque patient porteur chronique du VHB un acteur averti de la lutte contre l’hépatite B et de renforcer la médecine préventive en combinant dépistage et prévention.

Le combat contre l’hépatite B en France passe aussi par des mesures très concrètes à prendre à court terme.

– Les Tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) de l’infection par le VHB doivent pouvoir être réalisés dès maintenant afin d’améliorer le dépistage des personnes les plus éloignées du système de soins.

 Il est urgent également d’étendre à l’hépatite B l’arrêté du 22 décembre 2016 relatif à la protection du secret des actes et prestations pour les mineurs, pour leur permettre d’être pris en charge en toute confidentialité, comme c’est le cas pour les infections au VIH et au virus de l’hépatite C.

 Il faut organiser le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B pour les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans, afin que ceux nés avant l’obligation vaccinale des nourrissons instaurée en 2018, ne soient pas la génération oubliée du VHB. Enfin, le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B des personnes les plus exposées à partir de 16 ans doit être renforcé.

S’attaquer résolument à l’hépatite B dès maintenant, c’est non seulement permettre à la France d’être au rendez-vous fixé par l’OMS d’élimination de l’hépatite B à l’horizon 2030 mais aussi de permettre à des dizaines de milliers de porteurs du virus d’améliorer leur qualité de vie.

À PROPOS DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’HÉPATITE B

Les États Généraux de l’Hépatite B ont été officiellement lancés en juillet 2019, à l’initiative de l’association de patients SOS hépatites. Sous la direction d’un comité de pilotage rassemblant une cinquantaine d’experts issus des associations de patients et du monde médico-social, d’institutions médicales et de recherche, ils constituent une initiative inédite de démocratie sanitaire, initiée par les patients et la société civile. Le processus, qui s’est déroulé sur plus d’un an, a permis d’écouter la parole des patients, à travers trois panels de citoyens et une enquête menée par les différents partenaires auprès de personnes atteintes d’hépatite B.

Source : Onusida

La population carcérale dans le monde s’élève à quelque 11 millions de personnes, quel que soit le jour de l’année. Dans les prisons du monde entier, des prisonnier-ères consomment des drogues injectables et ont des rapports sexuels. Le risque de violence sexuelle parmi cette population, ainsi que le manque d’accès aux préservatifs, aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition et aux services de réduction des risques, augmente le risque de contamination au VIH, à l’hépatite C et à d’autres infections sexuellement transmissibles.

Les consommateurs-rices de drogues injectables qui commencent leur incarcération voient leur risque d’infection au VIH augmenter de 81 % et celui de contamination à l’hépatite C de 62 %.

Les environnements fermés devraient, en théorie, faciliter la fourniture de services de dépistage et de traitement efficaces, même si les interruptions de traitement et les préoccupations concernant la confidentialité et la discrimination posent des difficultés. En 2019, 78 pays ont signalé à l’ONUSIDA qu’un dépistage du VIH était disponible à tout moment au cours de la détention ou de l’emprisonnement, et 104 pays ont indiqué qu’une thérapie antirétrovirale était mise à disposition de tou-tes les prisonnier-ères vivant avec le VIH. La couverture de la thérapie antirétrovirale est satisfaisante, mais présente encore des lacunes.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019

Comme chaque année, le 8 mars met en avant la lutte pour les droits des femmes, notamment pour la réduction des inégalités et des discriminations. C’est l’occasion de rappeler que les femmes vivant avec le VIH sont encore plus victimes de sérophobie que les hommes et que la lutte contre toute forme de stigmatisation des personnes séropositives reste au cœur de nos préoccupations. C’est pour cela qu’Actions Traitements a mis en place différents outils d’information et programmes d’accompagnement en direction des femmes vivant avec le VIH et/ou une hépatite.

Rappel : aujourd’hui dans le monde, chaque semaine, environ 5500 jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH. En France, les hétérosexuels nés à l’étranger représentaient près de 40% des découvertes de séropositivité en 2019. Il s’agit en majorité de femmes, nées pour la plupart en Afrique subsaharienne. Parmi les femmes, certaines sont plus particulièrement exposées au VIH : les personnes migrantes, les femmes trans, les travailleuses du sexe et les femmes usagères de drogue.

Actions Traitements a pour objectif d’informer, accompagner, soutenir et défendre les droits des personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite, quels que soient leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine, leur mode de vie, etc. Pour autant, nous veillons à proposer des informations spécifiques sur certains sujets, qui s’adressent plus particulièrement aux femmes qui vivent avec le VIH et/ou une hépatite.

Défendre les droits des femmes vivant avec le VIH

Plusieurs projets ont vu le jour pour les accompagner et les aider à devenir actrice de leur santé et de leur prise en charge. Ainsi, divers Ateliers Positifs (APO), qui s’adressaient aux femmes ou qui les concernaient, ont été mis proposés durant l’année 2020, tels que « VIH et Allaitement », « Plaisir et VIH », en février 2020 et « Jeûne/Ramadan, COVID et VIH » en mai 2020. Nous travaillons également en collaboration avec une psychologue, sexologue avec qui les femmes séropositives peuvent aborder tous les sujets concernant la vie avec le VIH y compris les violences sexuelles qu’elles ont pu subir dans leur parcours migratoire. Enfin, notre programme d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) accueille toutes les femmes vivant avec le VIH et/ou une hépatite qui le souhaitent.

Nous en profitons pour publier le témoignage d’une de nos usagères : « C’est en octobre 2020, qu’Anna a appelé Actions Traitements et a intégré notre programme d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) suite aux recommandations de son médecin infectiologue. Elle vivait à la rue et avait parfois de la place en CSAPA. Atteinte du VIH et d’hypertension artérielle, concilier le vécu avec les deux pathologies n’était pas facile. Tout au long de son parcours nous avons travaillé sur sa santé physique mais également sociale (accès à l’A.M.E., renouvellement de son passeport étranger, recherche de médecin traitant). Nous nous sommes mis en relation avec son assistante sociale et différents acteurs de son parcours de soin. Désormais elle est hébergée dans un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) et a eu accès à tous ses droits. Elle pense à une écrire nouvelle page de sa vie.»

À travers nos outils d’information comme brochures et dépliants, nous veillons à aborder certains sujets importants concernant directement les femmes et le VIH ou les hépatites :

  • Dans la brochure, «Bien vivre avec le VIH après 50 ans» éditée fin 2018, nous évoquons les spécificités de la santé sexuelle des femmes, y compris des femmes trans.
  • Dans la brochure «VIVRE avec le VIH, c’est d’abord VIVRE !», qui évoque plusieurs parcours de personnes séropositives, nous avons souhaité donner la parole à des femmes, comme Valérie, 54 ans, qui lutte contre la sérophobie depuis plus de 30 ans !
  • Enfin, la brochure «Mon premier traitement» aborde plusieurs repères à l’usage des personnes nouvellement diagnostiquées séropositives et traite notamment le sujet de la vie affective et du désir d’enfant quand on vit avec le VIH.

Actions Traitements réalise des vidéos en collaboration avec des professionnel.le.s de santé qui sont interviewé.e.s sur les questions liées au VIH et aux hépatites, afin de les publier sur Youtube. Cela a été l’occasion d’évoquer la santé des femmes vivant avec le VIH avec le Pr Karine Lacombe. Cette vidéo réalisée début 2020 aborde le suivi gynécologique, la grossesse, l’allaitement et le vieillissement des femmes séropositives.

Enfin, nous veillons à poursuivre le développement de notre annuaire géolocalisé de professionnel.le.s de santé sérofriendly. Cet outil permet aux personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite, et donc aux femmes, de trouver près de chez elles des professionnel.le.s qui les prennent en charge efficacement et sans discrimination. En 2019 nous avions mené une mission spécialement destiné à développer le nombre de gynécologues présent.e.s dans l’annuaire. Chacune peut d’ailleurs renseigner directement sur notre site internet les coordonnées d’un.e gynécologue qui pourrait être intégré dans l’annuaire, grâce au formulaire prévu à cet effet.

Nos projets pour les droits des femmes vivant avec le VIH

À l’avenir nous souhaitons poursuivre notre mobilisation en faveur des femmes vivant avec le VIH. Pour cela nous avons pour ambition, au cours de l’année 2021, d’éditer une nouvelle brochure consacrée exclusivement au parcours de soin des femmes vivant avec le VIH, de développer un programme d’accompagnement spécifique et de compléter notre cycle de vidéos par une nouvelle interview centrée cette fois-ci sur les femmes et les traitements antirétroviraux du VIH. Et parce que certaines inégalités restent omniprésentes dans la vie des femmes séropositives, nous poursuivrons également notre plaidoyer auprès des différents acteurs du système de santé pour favoriser l’intégration des femmes et la prise en compte de leurs vécus dans les essais thérapeutiques.

Vous pouvez retrouver tous nos outils d’information (brochures, dépliants, affiches, infocartes, etc.) et les commander gratuitement sur notre sur notre site internet : https://www.actions-traitements.org/commande/

(*) Cette étude explore le rôle du parcours de vie et de migration sur les comportements de prévention et de soins des Africains vivant en France et étudie le rôle de la maladie (VIH/sida ou hépatite B) sur leur trajectoire sociale et administrative.

Source : VIH.org

Source : SERONET

Des citations, quelques données et infos, des femmes qui écrivent, qui s’expriment, qui s’affichent, qui bousculent les conventions, qui montent au front de la santé, contre les discriminations, pour le féminisme, pour que la société change. Petite sélection à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Bonnes découvertes !

5 femmes contre la sérophobie

La parole des femmes vivant avec le VIH est (trop) rare. Saluons donc l’initiative du podcast Yesss, qui, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH le 1er décembre dernier, a donné la parole à cinq femmes séropositives. Ces témoignages sont à découvrir dans l’épisode 29 intitulé Warriors contre la sérophobie. Ce podcast dédié aux « victoires de femmes ordinaires contre les injonctions et violences sexistes », consacre cet épisode spécial à la sérophobie, c’est-à-dire la peur à l’égard et/ou le rejet des personnes vivant avec le VIH. Ce rejet passe par des discriminations et des violences médicales, institutionnelles, communautaires ou professionnelles. « Je vis et je vieillis avec le VIH, et je le dis ouvertement », revendique Florence Thune, directrice générale de Sidaction, qui croit à la force du témoignage. Quatre autres femmes s’illustrent courageusement dans le même exercice, dont Giovanna Rincon, directrice de l’association Acceptess-T, Jessica, qui revient sur l’annonce de sa séropositivité par le médecin de famille devant sa mère, et Phindile, originaire d’Afrique du Sud, séropositive de naissance, qui raconte son parcours de combattante pour mener à bien sa grossesse en France. Cet épisode est réalisé par cinq femmes journalistes Anaïs Bourdet, Margaïd Quioc, Morgan Peyrot, Amélie Desvernay et Elsa Miské avec le soutien de l’association Sidaction.

@GwenFauchois

Sur sa bio Twitter, Gwen Fauchois se présente en ces mots : « Aktiviste lesbienne féministe ». Militante de longue date de la lutte contre le VIH/sida, Gwen Fauchois a été chargée de la communication et vice-présidente d’Act Up-Paris dans les années 90. Depuis 2012, elle participe à différents collectifs lesbiens et féministes. Elle tient également un blog où elle questionne l’actualité d’un point de vue minoritaire. Depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, la militante est très active sur Twitter et ses coups de gueule sur la gestion de la crise par les pouvoirs publics sont repris en masse.

Lucie Hovhannessian

« Depuis que j’ai le virus, j’ai rarement rencontré des personnes malveillantes. Il n’y a que sur Internet que les commentaires peuvent être affreux. Au travail, on vient même me remercier pour mon livre, cela me touche. »
Interview de Lucie Hovhannessian, autrice de Presque comme les autres, ma vie de jeune séropositive (Robert Laffont, 2018), Le Monde, 1er décembre 2019.

Les damnées de la mer

Les femmes représentent 51 % des migrants-es internationaux-les en Europe et autour de 20 % des arrivées maritimes en Europe méridionale, rappelait récemment Mediapart (21 février), en marge d’une interview de la chercheuse Camille Schmoll. Elle a consacré huit années de recherche à la situation des femmes en migration en Méditerranée et vient d’y consacrer un ouvrage : Les damnées de la mer – femmes et frontières en Méditerranée (Éditions La Découverte, 2020). Interrogée par Mediapart, la chercheuse explique : « Avec Les Damnées de la mer, j’ai voulu restituer la place de ces femmes dans les migrations dites irrégulières, car on se les représente souvent comme des migrations essentiellement masculines. En 2009 déjà, lorsque j’ai commencé mon travail de terrain à Malte, il y avait déjà énormément de femmes. Cela s’inscrit dans un mouvement plus général de la féminisation du regard : depuis quelques dizaines d’années, des chercheuses se sont rendu compte de l’importance des femmes dans les migrations, qu’il s’agisse des flux de la traite ou des grandes migrations transcontinentales de la fin du XIXe et du début XXe. Elles étaient souvent majoritaires mais complètement effacées de l’histoire des migrations ». « Sont-elles davantage vulnérables durant le parcours migratoire ? » demande le site d’infos. « On sait qu’elles sont plus nombreuses au départ, et donc plus nombreuses à mourir en route. Il y a plusieurs raisons à cela, dont les violences sexuelles. Il y a une vulnérabilité spécifique aux femmes, et les organisations internationales les reconnaissent d’ailleurs comme une catégorie vulnérable, à l’instar des mineurs. Il est clair que les femmes risquent beaucoup plus que les hommes, même si aujourd’hui la situation est devenue tellement épouvantable que beaucoup d’hommes subissent des violences atroces, y compris sexuelles », explique Camille Schmoll.
Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranées de Camille Schmoll. Éditions La découverte. 20 euros.

Parentalité et salaires à la traîne pour les femmes

Du mieux, certes, mais il reste tant à faire. Les pays progressent vers une plus grande égalité entre les sexes, mais les femmes du monde entier continuent de faire face à des lois et des réglementations qui limitent leurs opportunités économiques. C’est vrai en temps normal et cela prend plus d’importance aujourd’hui car la pandémie de Covid-19 a créé de nouvelles difficultés, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, dont les conclusions ont été publiées le 24 février. « Les réformes visant à éliminer les obstacles à l’inclusion économique des femmes ont été lentes et inégales dans de nombreuses régions » entre septembre 2019 et octobre 2020, a résumé l’institution en dévoilant la 7e édition de son rapport intitulé « Femmes, entreprises et législation en 2021 ». L’étude fait apparaître que depuis la précédente publication en 2019, il y a eu peu de changements dans l’ensemble puisque les femmes n’ont toujours en moyenne que les trois quarts des droits accordés aux hommes. Parmi les bons élèves, dix pays contre six précédemment (la Belgique, le Danemark, la France, la Lettonie, la Suède, et plus récemment le Canada, l’Islande, le Luxembourg et le Portugal) obtiennent le score parfait de 100, ce qui signifie que hommes et femmes ont des droits égaux dans les domaines mesurés par la Banque mondiale. La pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités existantes qui désavantagent les filles et les femmes (obstacles pour aller à l’école et conserver un emploi, par exemple). Le rapport pointe aussi que les femmes sont également confrontées à une augmentation de la violence domestique.

Nous sommes tous des féministes

« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j’aimerais aujourd’hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. » Voici un extrait d’un des deux discours proposés dans cet ouvrage par l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Elle y porte une voix rare et puissante d’émancipation.
Nous sommes tous des féministes et Le danger de l’histoire unique de Chimamanda Ngozi Adichie. Traduit de l’anglais (Nigeria) par Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter. Collection Folio n°6798, 2 euros.

Amandine Gay alias @OrpheoNegra

Réalisatrice, comédienne, universitaire, conférencière et afroféministe, Amandine Gay est tout cela, et bien plus encore. Son premier film, Ouvrir la voix, sorti en salles en 2017, est un documentaire qui donne la parole aux femmes noires de France. La militante est également, depuis 2017,  à l’initiative du  « Mois des Adopté.e.s ». En novembre, en Suisse, en France, en Belgique et au Québec, le « Mois des Adopté.e.s » vise à rendre visible les personnes adoptées et politiser l’adoption dans le monde francophone. Suivre Amandine Gay sur Twitter ou Instagram, c’est aussi suivre ses combats et c’est souvent très inspirant.

Anne Bouferguène

« …J’ai écrit ce texte dans le but de contribuer à changer le regard sur le VIH – ce mal à dire – …et pour que ceux qui traversent une expérience comparable à la mienne, celle de la honte et du secret qui rongent l’âme, celle de la maladie qui sème inexorablement sa terreur, puissent s’y reconnaître et, pourquoi pas, y trouver quelque raison d’espérer. »
Extrait de l’ouvrage Un mal qui ne se dit pas de Anne Bouferguène aux Éditions Robert Laffont, 2011.

La Cause des femmes

« Le féminisme, c’est quoi ? Ça existe ? Aujourd’hui ça pourrait exister. Et pour quoi faire ? « Les femmes ont tout obtenu », répondent-ils, et même répondent-elles, quelquefois. Et pour quels résultats ? La solitude de fond de la féminité, et la déroute de nos mâles devant leurs égales ». Ces quelques mots sont de l’avocate et militante Gisèle Halimi. Ils sont extraits d’un des textes majeurs de l’autrice : La Cause des femmes. « Enfermée dans son rôle féminin, la femme ne mesure pas à quel point son oppresseur est lui-même prisonnier de son rôle viril. En se libérant, elle aide à la libération de l’homme. En participant à égalité à l’Histoire, elle la fait autre. Cela ressemble fort à une révolution tranquille, mais forte et sûre de l’avenir. Pourquoi le féminisme aujourd’hui ? Justement pour réussir là où l’égalité économique a échoué. Là où la culture patriarcale résiste. Le féminisme vient seulement de commencer sa longue marche. Dans vingt ans, dans cent ans, il aura changé la vie ». Ces mots ont été écrits en 1992. Ils conservent toute leur actualité comme cet ouvrage publié dans la collection Folio (Gallimard).
La Cause des femmes précédé de Le Temps des malentendus de Gisèle Halimi. Nouvelle édition revue, augmentée et annotée par l’autrice. Folio n°2334. 9,70 euros.

Lexie alias @aggressively_trans

Quand Lexie a lancé son compte Instagram en décembre 2018 pour raconter son vécu de femme trans, dénoncer la transphobie et expliquer le vocabulaire trans, elle était loin de s’imaginer tout ce que ce compte allait générer dans sa vie et celles des autres. Deux ans plus tard, Lexie est suivie par plus de 53 000 abonnés-es et ce travail de visibilité et de pédagogie a inspiré à la jeune activiste de 25 ans son premier livre intitulé Une histoire de genres, guide pour comprendre et défendre les transidentités, paru le 10 février chez Marabout.

Nouvelles questions de femmes

Depuis le début du XXIe siècle, la « médecine de la femme a fait des progrès spectaculaires, en cancérologie notamment », explique Anne de Kervasdoué, médecin gynécologue. Elle avance aussi que les attentes des femmes évoluent. « Elles veulent comprendre pour choisir elles-mêmes. Elles veulent maîtriser leur sexualité, comme leur fécondité, avoir des enfants si elles le veulent, quand elles le veulent, en oubliant parfois que leur horloge biologique tourne et échappe à leur volonté ». Forte de cette idée, l’autrice propose un ouvrage, fondé sur les connaissances les plus récentes et s’efforce de « corriger certaines fausses informations qui circulent ». L’ouvrage répond à toutes les questions sur la contraception, la sexualité, le cancer du sein, la cystite, la ménopause, le cancer du col de l’utérus ou les troubles comme l’endométriose. Le livre « concerne toutes les femmes de tous les âges et dans toutes les situations qui se présentent dans leur vie », explique l’autrice.
Nouvelles questions de femmes à paraitre le 28 avril 2021 aux éditions Odile Jacob.

Charline alias Orgasme et moi

Pour Charline, tout commence en février 2019 avec la création d’un compte Instagram dédié aux sexualités, toutes les sexualités. « Ma mission : permettre à chacun-e de s’informer via le partage d’expériences. Les mots-clefs qui permettent ce partage sont : respect, bienveillance, absence de jugement, écoute, communication, inclusivité, ouverture d’esprit », explique Charline sur son site. Très vite, l’audience du compte explose (383 000 abonnés-es en février 2021). Elle s’exprime et donne la parole à de nombreux-ses invités-es sur des thèmes comme le consentement, la masturbation féminine et masculine, la prévention, l’hygiène intime et le plaisir. Un compte d’utilité publique.

Françoise Giroud

« Si le sida ne s’attrapait qu’à travers des seringues, il n’intéresserait personne »
Françoise Giroud, journaliste et ancienne ministre des Droits des femmes, dans Gais-z-et-contents. Journal d’une Parisienne, tome 3. Éditions du Seuil, 1998.

Barbara Butch fait « la Belle »

Icône LGBTQ+ et body positive, Barbara Butch collabore avec Jean Paul Gaultier pour le parfum « La Belle », rappelle Les Inrocks (15 février). L’hebdo culturel a voulu rencontrer cette « DJ, militante féministe pour les droits queer et pour l’inclusivité de tous les corps », à l’occasion du lancement de cette campagne « qui lui permet de porter haut son combat pour les corps invisibilisés ». Interrogée sur cette campagne, Barbara Butch explique : « L’expérience de faire des photos pour cette maison, pour ce créateur si mythique a été incroyable. Je suis fan de son travail depuis longtemps. Je me bats tellement pour la représentation de tous les corps dans les milieux où on ne s’attend pas à nous voir, dont la mode bien évidemment, c’était donc un moment très fort (…) Quand j’ai fait les photos, je n’ai pas mesuré l’impact que ça allait avoir, je les ai faites pour mon ado intérieure, pour lui dire : « Tu vois, tout est possible, c’est pas parce que tu es grosse que tu peux pas te retrouver dans une campagne publicitaire ». En fait, tout est accessible. C’est une manière pour moi également de n’être pas seulement reconnue pour mon corps, mais aussi pour mes engagements. C’est formidable que mon militantisme ne fasse pas peur aux grandes marques ».

Cybèle Lespérance alias @elleestcybele

Sur son compte Twitter de plus 4 500 abonnés-es, Cybèle se présente comme « travailleuse du sexe, accompagnante sexuelle, escort et féministe ». À travers ses tweets, mais aussi des vidéos sur sa page YouTube, Cybèle sensibilise ses abonnés-es aux questions relatives aux droits des travailleurs-ses du sexe et explique aussi ce qu’est l’accompagnement sexuel : « le rôle de l’accompagnement sexuel, c’est lui permettre d’avancer dans son processus d’apprentissage ou d’exploration de la sexualité, avec ses essais et ses erreurs. C’est un espace de recherche, de découverte, d’acquisition d’expérience et de cartographie de son corps pour apprivoiser ses sensations et ses possibilités ! » Cybèle est aussi secrétaire générale du Strass (syndicat du travail sexuel) et milite, entre autres, contre la loi de pénalisation des clients de travailleurs-ses du sexe.

Des protections périodiques gratuites pour les étudiantes

Les protections périodiques seront gratuites à la rentrée prochaine pour toutes les étudiantes, a annoncé mardi 23 février la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Une décision qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la précarité des jeunes. Dans les prochaines semaines, les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques, a annoncé Frédérique Vidal lors d’une rencontre à Poitiers avec des étudiants. « On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée », a-t-elle ajouté. Un objectif « ambitieux » mais réaliste, selon la ministre, pour une mesure « pérenne » dont le coût est estimé autour de 15 millions par an.

Féminisme et philosophie

Du sérieux, de l’érudit pour cet ouvrage de Geneviève Fraisse. Sartre écrit, dans Plaidoyer pour les intellectuels, que l’intellectuel est celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, quand Beauvoir – à l’évidence – se mêle de ce qui la regarde, dans ses livres Le Deuxième SexeLa Vieillesse. La question sexe/genre s’impose désormais comme problème théorique, mais l’objet de pensée échappe encore à la sérénité académique, comme à la légitimité scientifique. Alors étudiante, Geneviève Fraisse a compris que la philosophie était le bastion le plus solide, parce que le plus symbolique, de la prérogative masculine. Alors il fallait chercher les mots possibles de l’émancipation féministe, de la démocratie exclusive au consentement par exemple, pour leur donner une consistance conceptuelle et les colporter sur les chemins de l’universel. L’histoire est un bon matériau, les textes anciens comme l’actualité récente, voire les événements tel Metoo. Car il faut s’introduire dans la tradition pour mieux la subvertir. Voilà le projet de cet essai ambitieux sur féminisme et philosophie.
Féminisme et philosophie de Geneviève Fraisse. Collection Folio Essais n°655. Inédit. 8,10 euros.

=> Pour lire la suite de l’article, se rendre sur : Seronet

Source : 20 minutes

Les données médicales de près de 500.000 personnes en France ont fuité sur Internet, ont révélé Libération et le blog spécialisé en cybersécurité, Zataz, ce mardi.

Le fichier comporte les données de 491.840 personnes (noms, adresse postale, téléphone, e-mail) et un numéro de Sécurité sociale. Ils sont parfois accompagnés d’indications sur le groupe sanguin, le médecin traitant ou la mutuelle, ou encore de commentaires sur l’état de santé (dont une éventuelle grossesse), des traitements médicamenteux, ou des pathologies (notamment le VIH).

Des données provenant de laboratoires de biologie médicale.

Selon la rubrique de vérification Checknews du quotidien Libération qui a enquêté sur le sujet, les données proviendraient d’une trentaine de laboratoires de biologie médicale, situés pour l’essentiel dans le quart nord-ouest de la France, utilisant un même logiciel de saisie de renseignements médico-administratifs.

Elles correspondent selon le journal à des prélèvements effectués entre 2015 et octobre 2020. « On peut retrouver ce fichier à sept endroits différents sur Internet », a précisé Damien Bancal, journaliste spécialiste de la cybersécurité, qui a le premier identifié la fuite le 14 février sur son blog Zataz.

Une négociation entre les pirates.

Selon lui, ce fichier était l’objet d’une négociation commerciale entre plusieurs pirates sur un groupe Telegram spécialisé dans l’échange de bases de données volées, et l’un d’entre eux l’a diffusé gratuitement suite à une dispute. « 500.000 données, c’est déjà énorme et rien n’empêche de penser que les pirates en possèdent encore beaucoup plus », a-t-il déclaré.

Sollicitée mardi soir, l’Agence nationale des systèmes d’information (Anssi) n’a pas répondu. La Cnil, gendarme des données personnelles, et la direction générale de la santé n’étaient pas non plus en mesure de commenter cette information.

Source : JIM

La pandémie liée au SARS-CoV-2, qui a débuté à la fin de 2019, a été déclarée urgence mondiale par l’OMS et a exercé une pression considérable sur les systèmes de santé du monde entier. La nécessaire redistribution des ressources et du personnel liée à cette situation est susceptible d’avoir eu des conséquences dans différents domaines de la santé qui ne se limitent pas au dépistage des cancers. Ainsi y-a-t-il pu avoir interférence avec la poursuite de certains objectifs : tel est le cas de l’élimination de l’hépatite C qui devait être, selon les prévisions de l’OMS, obtenue en 2030. Or le dépistage des hépatites virales a été perturbé, comme cela est déjà documenté en Égypte et en Italie et d’autres annulations de programmes d’éradication sont attendues dans de nombreux autres pays.

Surmorbidité et surmortalité par hépatopathies liées au retard de dépistage du VHC

Des modèles mathématiques permettent d’évaluer l’impact possible sur l’hépatite C et sa mortalité des retards pris dans le déroulement des programmes de dépistage. Une première étude européenne a concerné l’évolution progressive des décès liés au VHC et au cancer du foie (CHC), après une interruption des programmes d’élimination de l’hépatite durant 3 mois, 6 mois ou 1 an. Le scénario retenu « délai d’un an » serait susceptible d’entraîner 44 800 (intervalle de confiance à 95 % IC à 95% : 43 800 à 49 300) cas excédentaires de CHC et 72 300 (IC à 95% : 70 600 à 79 400) décès liés à une pathologie hépatique, de 2020 à 2030. La plupart des traitements manqués concerneraient les pays à revenu intermédiaire, tandis que la plupart des excès de CHC et de décès liés à l’évolution cirrhogène se produiraient dans les pays à revenu élevé. Le nombre excédentaire d’infections à VHC n’inclut pas l’impact des comportements à risque accrus (par exemple, l’impact de la crise économique sur la consommation de drogues ou d’alcool) susceptibles de majorer ces chiffres.

La deuxième étude intéresse l’Espagne où la Covid-19 a été très active. La première vague de mars à juin a donné lieu à un confinement à l’échelle du pays et la deuxième vague se poursuit depuis septembre. Pendant toute cette période, il y a eu une baisse des tests de dépistage du VHC et de l’accès aux soins ainsi qu’aux programmes de réduction des risques et de micro-élimination. Une cohorte de 15 859 patients a été analysée en comparant deux scénarios : le scénario non Covid-19, où tous les patients seraient diagnostiqués et traités au cours de la première année et le scénario Covid-19 où il y aurait un délai de 18 mois à partir de début 2020 jusqu’à fin juin 2021 (où la vaccination produirait ses effets). La simulation mathématique a utilisé les données cliniques de patients VHC traités avec des antiviraux à action directe en Espagne (janvier 2019 à août 2020). Dans le scénario Covid-19, le nombre de traitements mensuels contre le VHC est réduit de 19 % à 84 % entre début 2020 et juin 2021. On a supposé que les patients seraient traités au cours des 18 mois suivants (50 % à partir de juillet 2021 et 50 % en 2022), sur la base de la répartition 2019 des patients. Les patients avec un retard au diagnostic et au traitement devraient suivre l’évolution naturelle de la maladie. Les caractéristiques de cette cohorte (âge moyen et fibrose hépatique) ainsi que la réponse virologique soutenue ont été tirées de données réelles publiées en Espagne. Un retard de 18 mois dans le diagnostic et le traitement du VHC du fait de la Covid-19 dans cette cohorte augmenterait le nombre de décès d’origine hépatique, par CHC et cirrhose décompensée respectivement de 117, 73 et 118 cas. En termes économiques, cela se traduirait par une augmentation d’1 M € due à la prise en charge d’une cirrhose décompensée, de 1,3 M € due au CHC sans compter les 2,5 M € dus à une transplantation hépatique.

Les données obtenues ici sont basées sur une simulation portant sur 15 859 patients, mais on estime que 76 839 personnes ont encore une infection par le VHC active en Espagne, majorant ainsi l’impact médico-économique. Ces données ont été estimées avec une méthodologie différente de celle utilisée par Blach et Coll dans son étude sur l’impact global de la Covid 19 sur l’élimination de l’hépatite C. Néanmoins, les résultats sont similaires : le report des programmes d’élimination du VHC sera associé à une augmentation de la morbidité et de la mortalité liées au VHC au cours des 10 prochaines années.

Dépister l’infection par VHC en même temps que celle liée au SARS-CoV-2

Comment améliorer le dépistage d’ici là ? Les patients qui bénéficient d’un dépistage sérologique de masse du SARS-CoV-2 pourraient également être dépistés pour le VHC et le VHB, en une seule visite et avec un coût économique très faible. En outre, ces tests pourraient être facilement réalisés simultanément en utilisant des analyses de salive ou des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), évitant ainsi d’autres explorations redondantes. Cette expérience a déjà été tentée avec succès dans 3 petites villes italiennes chez 5 152 personnes. Près de la moitié d’entre elles ont également accepté un dépistage du VHC, dont 79,3 % des personnes âgées > 50 ans ; 72 sujets étaient positifs pour les anticorps anti-VHC et moins de la moitié (46,1 %) d’entre eux connaissaient leur statut sérologique.

En conclusion, la sur-morbidité et la mortalité dues au retard au diagnostic de l’infection par VHC nécessiteront un renforcement des programmes de dépistage ciblé, en particulier dans les populations vulnérables et celles qui ont un accès plus difficile aux médecins de premier recours. Le dépistage de masse du SARS-CoV-2, réalisé dans certaines villes françaises, aurait pu être une occasion unique de rechercher également le VHC et probablement le VHB. Une occasion en or manquée, car l’arrivée des vaccins anti-Covid-19 ne permettra pas de renouveler cette opportunité particulière de « dépistage universel » qui n’avait pas été retenue, à l’échelon national, par la HAS pour le VHC en novembre 2019 et pour le coronavirus en 2020.

Dr Sylvain Beorchia

Source : Le Quotidien du Médecin

L’Institut de recherche sur les vaccins (VRI) est à la recherche de 72 volontaires adultes sains pour mener une étude de phase 1 sur une stratégie de vaccination préventive de l’infection à VIH. La stratégie repose sur l’association de deux vaccins : l’un antigénique le CD-40.HIVRI.Env, et l’autre à ADN, le ADN-HIV-PT123.

Le composant CD-40.HIVRI.Env est la véritable nouveauté de cet essai. Il consiste en la fusion d’un antigène (la séquence GP140 de la protéine d’enveloppe C 96ZM651 Env) et d’un anticorps monoclonal humanisé IgC4 anti CD40. Les lots utilisés dans le cadre de l’essai ont été produits par les entreprises GTP Technology en France et Novasep en Belgique, mais la mise au point de ce vaccin d’un nouveau genre a été faite dans les laboratoires du VIR. « On cible le CD-40 car nous cherchons à présenter la protéine d’enveloppe du VIH spécifiquement aux cellules dendritiques », explique le Pr Jean-Daniel Lelièvre du service d’immunologie clinique et des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil, AP-HP). Ce sera la première utilisation chez l’homme de ce vaccin qui a déjà donné de bons résultats chez des primates non humains.

Le vaccin à ADN code pour trois protéines virales

Le second composant est le vaccin à ADN, le DNA-HIV-PT123, mis au point par l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses. Ce dernier contient trois plasmides d’ADN codant pour trois protéines virales : la protéine d’enveloppe ZM96 Envgp140, une protéine Gag et la polyprotéine CN54 Pol-Nef. Ce vaccin a déjà été expérimenté chez 700 volontaires séronégatifs en Ouganda, Afrique du Sud et Tanzanie chez lesquels il s’est révélé être partiellement efficace. « Dans le VIH, on sait qu’il est tout à fait pertinent d’ajouter un vaccin protéine à un vaccin ADN », insiste le Pr Lelièvre.

Le 3e composant du vaccin est l’adjuvant Poly-ICLC (nom commercial : Hiltonol) développé par la société américaine Oncovir, non encore accessible sur le marché, mais dont la sécurité a déjà été testée dans des études de phase 1 sur d’autres vaccins.

Trois doses testées pour le vaccin antigénique

L’essai sera en escalade de doses. Trois doses de CD40.HIVRI.Env (0,3, 1 et 3 mg) adjuvanté vont être administrées seules ou en combinaison avec l’ADN-HIV–PT123, soit un total de 6 groupes au total. Quatre sites seront mobilisés pour recruter les volontaires : les hôpitaux parisiens de Henri-Mondor, Cochin et Bichat, ainsi que le centre hospitalo-universitaire vaudois en Suisse. Les volontaires seront mobilisés pendant 48 semaines et devront venir toutes les six semaines. Les résultats définitifs sont attendus d’ici un an à un an et demi.

Le VRI n’est pas seul dans la course aux vaccins. Le laboratoire Janssen mène en ce moment plusieurs essais vaccinaux sur des populations à risque avec son propre candidat basé sur des immunogènes « mosaïques ». Moins avancé dans son développement, le VRI ne recrute pas encore de volontaires dans des populations à risque (migrants d’Afrique subsaharienne, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes…). « Nous ne voulons pas cibler des populations qui pourraient se croire protéger et prendre des risques tant que nous ne disposons pas de données d’efficacité chez l’homme », affirme le Pr Yves Lévy, directeur du VRI.

Cette fois-ci c’est la bonne ?

Pour le Pr Lelièvre, « ce candidat et cette stratégie vaccinale s’inscrivent dans le cadre des essais post-thaï », en référence à l’étude menée en Thaïlande au cours de laquelle l’association des vaccins ALVAC-HIV et AIDSVAX B/E n’avaient réduit que de 30 % le risque de contamination. « Le but est de savoir, à partir de connaissances accumulées lors de ces premiers essais, comment développer des vaccins plus efficaces, raconte le Pr Lelièvre. La première réponse a été de remplacer le vaccin vecteur viral par un vaccin à ADN, et la seconde de permettre au vaccin antigénique de cibler directement les cellules dendritiques. »

Si les vaccins à protéine d’enveloppe ont montré des signes d’efficacité dans l’essai thaïlandais, « les essais suivants n’ont pas permis de reproduire cette protection, ce qui a été très décevant, précise le Pr Lévy. On espère apporter quelque chose de très nouveaux sur la manière de délivrer ces protéines ». Des analyses de tolérance seront faites après les premières injections et l’immunogénicité sera mesurée après les ajouts progressifs de doses. « Si on identifie en cours de route une dose qui permet de provoquer une réaction immunitaire comparable à celles observées dans d’autres essais vaccinaux, alors on pourra aller en phase 2, voire en phase 2b », espère le Pr Lévy.

Source : JIM

La mise en place de mesures de prévention de la transmission périnatale du VIH a conduit à une diminution spectaculaire des contaminations. Ces mesures comprennent le dépistage systématique prénatal, la généralisation du traitement antirétroviral (TAR) des femmes enceintes positives et la prophylaxie chez les nourrissons en fonction de la charge virale de la mère, la césarienne en cas de charge virale ARN VIH-1 élevée et le remplacement de l’alimentation au sein par une formule de lait artificiel.

Selon les cas, les nouveau-nés sont classés en nourrissons à faible risque de contamination (mère suivie, traitée et < 50 copies/ml) ou à risque élevé si la mère n’a pas été traitée ou insuffisamment, n’a reçu un traitement antirétroviral qu’au moment de l’accouchement, a un taux détectable d’ARN viral en fin de gestation, a été contaminée pendant la grossesse. Pour les nouveau-nés à faible risque, la recommandation est l’administration d’AZT per os pendant 4 semaines. Les enfants à haut risque reçoivent une bi ou une trithérapie antirétrovirale durant 6 semaines.

Neuf enfants infectés

Une étude rétrospective a analysé une cohorte de paires mères/enfants exposés au VIH, pris en charge dans le Service d’Immunologie spécialisé de l’hôpital pédiatrique de Washington DC en 2013-2017. Les enfants ont été suivis de la naissance à 18 mois avec les tests virologiques. En tout, 551 enfants exposés et leurs 542 mères ont été inclus dans l’analyse. L’âge médian des mères était de 31 ans (écart interquartile 26-36 ans). Beaucoup (93 %) étaient afro-américaines ou africaines. La charge virale avant l’accouchement était ≤ 1 000 copies/ml chez 81,9 % des mères. La plupart des enfants exposés ont été classés à bas risque (n = 455, 82,6 %) et 96 (17,4 %) à haut risque. La très grande majorité des mères (526/551, 95,5 %) avait reçu un traitement antirétroviral avant l’accouchement : 453/455 (99,6 %) des enfants étaient dans le groupe à bas risque contre 73/96 (76 %) d’enfants dans le groupe à risque élevé (P<0,0001). L’âge médian des mères était respectivement de 31 ans et 28 ans (P=0,0004). Le nombre total des césariennes a été de 323 (58,6 %) : parmi les enfants à bas risque au nombre de 242/455 (53,2 %) et à haut risque de 81/96 (84,4 %, P<0,0001). De la zidovudine a été administrée intra-partum dans 361 cas (65,5 %), 62,9 % des cas à bas risque, 78,1 % à haut risque (P=0,0001). Les enfants ont reçu de la zidovudine prophylactique seule dans 472 cas (85,7 %) : 96,5 % de ceux à bas risque, 34,4 % de ceux à haut risque, ou pour ces derniers une bi ou une trithérapie dans 62,5 % des cas. En définitive, 9 enfants à haut risque ont contracté le VIH.
En conclusion, dans une aire de forte prévalence du VIH, une proportion importante d’enfants à bas risque a reçu de la zidovudine intra-partum et sont nés par césarienne. Plusieurs enfants ont échappé à la prévention de la transmission materno-fœtale.

Source : Univadis

Le vaccin expérimental anti-VHC développé par GlaxoSmithKline et combinant un adénovirus défectif du chimpanzé pour la première dose puis un virus de la vaccine modifié pour la seconde a fait l’objet d’une étude de phase 1-2 publiée par le New England Journal of Medicine. Si ce schéma vaccinal est bien toléré et offre une réponse lymphocytaire T supérieure à celle observée sous placebo, il ne permet pas de prévenir l’infection à 6 mois par le VHC chez des sujets à haut risque d’infection.

Après de premières données cliniques encourageantes, la sécurité et l’efficacité d’un vaccin expérimental anti-VHC combinant deux vecteurs viraux ont été évaluées dans le cadre d’une étude de phase 1-2. Celle-ci a été menée aux États-Unis auprès de patients de 18 à 45 ans à haut risque d’infection (usagers de drogue injectables, UDI). Après recrutement, ils ont reçu une information sur la réduction des risques et se sont vus délivrer des seringues. Ils ont été randomisés 1:1 entre le protocole d’injection IM d’un adénovirus défectif de chimpanzé (ChAd3-Nsmut) à J0 et d’un virus de la vaccine modifié (NVA-Nsmut) à J56 ou d’un placebo, après stratification selon le génotype IFNL3 et le sexe.

Principaux résultats

Au total, 546 personnes ont été recrutées et randomisées entre les deux groupes. Sur le plan de la sécurité, aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes. Les effets secondaires graves étaient rares (<1% des participants), et aussi fréquents dans les deux bras.

À l’issue du suivi de 6 mois, 37 et 38 sujets ayant reçu le vaccin ou le placebo ont été infectés par le VHC, soit 13 et 14% de chacun des deux groupes, et 14 sujets avaient une infection chronique à VHC à 6 mois, sans différence statistique entre les deux, les résultats étaient comparables pour l’analyse en intention de traiter ou pour l’analyse du suivi à 9 mois. La moyenne des taux d’ARN-VHC maximum mesurée chez les sujets infectés étaient de 152,51.10 3 UI/mL pour le groupe vaccin contre 1.804,93.10 3 UI/mL pour le groupe placebo.

Sur le plan de l’immunogénicité, les données étaient disponibles pour 53 et 54% des patients des groupes vaccin et placebo: une réponse lymphocytaire T au VHC était identifiée chez 78% et 3% des patients respectivement.

Les auteurs avancent plusieurs hypothèses permettant d’expliquer l’absence d’effet du vaccin sur l’incidence de l’infection chronique : ils reconnaissent que les vecteurs adénoviraux peuvent être moins immunogènes chez des personnes ayant des anticorps à réaction croisée, ce qui peut être plus fréquent chez les UDI. Une exposition antérieure à d’infimes quantités de VHC pourrait aussi avoir réduit la réponse immunitaire lors d’une infection ultérieure tout en étant insuffisante pour induire une séroconversion. Enfin, le vaccin ne ciblait pas les protéines d’enveloppe. Par ailleurs, la réponse persistante des cellules T induites par le vaccin pourrait être due à un phénomène d’échappement au cours de l’infection naturelle, ou à une réactivité limitée des lymphocytes T induits par le vaccin face à l’infection.

Source : SERONET

Le laboratoire pharmaceutique ViiV Healthcare (groupe GSK), a annoncé le 8 février l’autorisation de mise sur le marché (AMM) européen pour Rukobia (fostemsavir), un traitement anti-VIH en comprimés dosés à 600 mg, à libération prolongée.

« Le fostemsavir s’est montré efficace contre les souches du VIH-1 résistantes aux médicaments suivants (inhibiteurs des récepteurs ou de fusion) : le T-20 ou enfuvirtide (Fuzeon), le maraviroc (Celsentri) et l’ibalizumab (Trogarzo), qui sont « la dernière ligne de médicaments en cas de résistance du VIH aux antirétroviraux disponibles chez les personnes vivant avec le VIH », rappelait un article de VIH.org en mai 2020. En association avec d’autres thérapies antirétrovirales, le fostemsavir a démontré des « taux soutenus de suppression virologique et une récupération cliniquement significative des lymphocytes T CD4 », avance un communiqué de ViiV Healthcare. Le fostemsavir n’est pas actif contre le VIH-2.

=> Pour lire la suite de l’article, se rendre sur : SERONET