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27 juillet 2021 - Actions Traitements, association de patients VIH et co-infections
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Source : TRT-5 CHV

Le virus de l’hépatite B touche plus de 250 millions de personnes dans le monde et provoque près de 900 000 décès par an. En France, on estime que plus de 130 000 personnes vivent avec une hépatite B chronique[i]. Celle-ci est responsable de 1300 décès chaque année. Une situation d’autant plus regrettable que s’il n’existe toujours pas actuellement de traitement qui permette de guérir de la maladie, un vaccin préventif efficace est disponible depuis maintenant 30 ans !

Pourtant, maladie souvent asymptomatique, méconnue du grand public, sous-dépistée et mal documentée d’un point de vue épidémiologique, l’hépatite B continue de se propager silencieusement. En 2016, on estimait que 82,5% des personnes porteuses d’une hépatite B chronique ignoraient leur statut[ii]. C’est également une maladie marquée par les inégalités, qui touche particulièrement les plus vulnérables en France, notamment les personnes migrantes.

On le sait, la Covid-19 a accentué les inégalités d’accès à la prévention et au soin. L’hépatite B n’échappe pas à la règle : baisse des dépistages, retard de vaccination, déprogrammation des soins et augmentation des perdus de vue. Autant d’obstacles pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS d’éliminer les hépatites B et C d’ici 2030.

A l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, nous, associations de lutte contre le VIH, les hépatites et les IST, engageons tous les acteurs privés et publics à redoubler d’effort pour vaincre l’hépatite B.

Pour ce faire, nous demandons de :

  • Renforcer les outils de veille, de recueil et d’analyse des données épidémiologiques ;
  • Mettre l’accent sur le dépistage et le diagnostic ;
  • Améliorer la connaissance de la maladie auprès du grand public et des communautés ;
  • Continuer à promouvoir la vaccination préventive à tout âge ;
  • Soutenir les recherches pour un traitement curatif de l’hépatite B ;
  • Permettre un suivi régulier tout au long de la vie ;
  • Organiser une prise en charge globale des personnes atteintes ;
  • Garantir un droit effectif au séjour pour les étrangers malades et leurs proches.

 

Source : Libération

Première femme élue à la présidence de la plus importante association de lutte contre le sida d’Europe, la militante insiste sur la nécessité d’impliquer les malades dans la lutte contre les épidémies.

«Un rendez-vous raté». La formule est malheureusement juste. Camille Spire, tout juste élue à la tête d’Aides, la plus importante association de lutte contre le sida en Europe (près de 500 salariés et un budget qui tourne autour de 50 millions d’euros), le constate avec inquiétude. Alors que l’expérience de la lutte contre le sida aurait pu apporter une contribution essentielle dans la lutte contre le covid – avec la mobilisation des premiers intéressés, fruit de l’histoire du VIH –, ce ne fut pas le cas. «Au contraire, on a assisté à une marginalisation des malades, laissés de côté comme s’ils étaient le problème. On a décidé sans eux, alors que la lutte contre le sida a montré l’inverse», analyse Camille Spire, bien décidée à se lancer dans une remobilisation communautaire. «C’est un regret immense. La parole des personnes concernées n’a pas été la priorité. Ne pas s’en servir est une erreur. Avec le Covid, ce fut une rencontre loupée».

A qui la faute ? «Je ne sais pas, mais ce n’est pas que sur le Covid qu’il y a eu erreur. En matière de santé publique, cela bloque toujours autant ; que ce soit vis-à-vis des usagers de drogue où l’on reste dans une logique répressive, ou avec les travailleurs du sexe où rien n’a changé depuis 2016 avec la pénalisation des clients, mais aussi avec les migrants, ou enfin sur le VIH où l’on reste toujours à un haut niveau de contamination.»

«Une vitalité énorme»

Camille Spire, 35 ans, est la première femme à être élue à la présidence de l’association créée en 1984 par Daniel Defert à la mort de son compagnon, le philosophe Michel Foucault. «Dans le monde, c’est une femme sur deux qui est touchée par le virus. En France, autour de 35 %. Mon élection, c’est la reconnaissance de l’importance de la mobilisation des femmes depuis 35 ans.» Chaleureuse, appréciée en interne, «elle est ouverte, avec une vitalité énorme», note Antoine, qui a dirigé longtemps la communication dans l’association, dont Camille Spire connaît tous les recoins. Son frère, Bruno, l’a présidée de 2007 à 2015. «J’avais envie de m’engager, j’avais fait Sciences Po. D’abord j’ai été au PS, mais bon cela ne servait à rien… En 2007, j’ai été à Aides, pour m’occuper du soutien à domicile, à Bobigny. Et vraiment j’ai trouvé mon endroit. Il y avait des projets, de la vie.» Elle y reste, prend des responsabilités avant d’être élue en 2010 présidente du territoire d’action Nord Est Ile-de-France. Avec un fort tropisme social, elle se spécialise alors sur la réduction des risques des consommateurs de produits psychoactifs. Parallèlement, elle travaille au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, où elle s’occupe de l’accès aux droits à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). On la sent heureuse de son engagement, combative surtout.

«Un vrai retour du pouvoir médical»

On l’a oublié mais le confinement a été difficile à vivre pour le milieu associatif aussi, forcé de se replier sur lui-même. «Entre nous, on a besoin de se voir, de se rencontrer, note la militante. Or, le confinement n’était franchement pas idéal». Il fallait donc revitaliser l’association. C’est d’autant plus nécessaire que le secteur n’est plus très en forme. A l’image de France Assos Santé, censée regrouper toutes les structures d’usagers mais qui est aujourd’hui inaudible et sans projet fort. «Rien n’est acquis», insiste-t-elle.

Quid de la prévention du sida ? En France, la situation reste médiocre : on stagne autour de 6 000 nouvelles contaminations par an, alors qu’il y a toutes les possibilités pour stopper la propagation du virus. «Il y a eu une bonne nouvelle avec l’ouverture de la Prep (prescription d’un traitement pour prévenir une infection) récente par le biais des médecins généralistes, mais que de temps perdu ! Aujourd’hui, elle est trop limitée : elle doit atteindre les femmes, les migrants. Et il y a du boulot : le traitement comme prévention reste encore très largement inconnu.»

Un cahier des charges rempli, dans un contexte Covid pas simple. «On a assisté à un vrai retour du pouvoir médical.» Et les pouvoirs publics ? «L’Etat nous berce de paroles, mais il ne joue pas franc jeu. Il met en concurrence les associations. L’enjeu est clair : nous imposer, redonner la parole. L’expérience communautaire nous l’avons, c’est une expertise unique.»

Source : Libération

Alors qu’un tiers des séropositifs ignorent leur statut, la distribution de tests oraux rapides s’accélère au Mali, au Sénégal et en Côte-d’Ivoire. Avec des premiers résultats encourageants.

Ils sont une dizaine de jeunes hommes, assis dans le salon d’une maison isolée de Kati, en banlieue de Bamako, au Mali. Mohamed (le prénom a été changé) est venu présenter les nouveaux autotests VIH. Il ouvre une trousse, sort une spatule et montre comment la passer sur ses gencives avant de la plonger dans le tube de réactif. «En vingt minutes, vous pouvez savoir si vous êtes séropositif ou non», conclut-il. Approbations silencieuses dans l’assemblée attentive.

Mohamed est un animateur de la clinique Soutoura, un centre de soins bamakois qui assure le dépistage et le suivi des personnes séropositives. Aujourd’hui, comme chaque semaine, il rencontre discrètement des membres de la communauté homosexuelle malienne pour leur présenter cette technologie révolutionnaire : l’autotest de dépistage oral, qui «va permettre de sauver des milliers de vies du sida», appuie-t-il.

Discrétion

C’est la première fois en Afrique de l’Ouest que ces tests sont déployés. Soutenu par l’ONG de lutte contre le VIH Solthis, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Agence française de développement (AFD) et l’organisation internationale Unitaid, ce projet dénommé «Atlas» a permis à partir de 2018 la distribution de plus de 250 000 tests dans trois pays d’Afrique de l’Ouest : le Mali, le Sénégal et la Côte-d’Ivoire. Et massivement dans les capitales depuis le début de l’année. Une stratégie encouragée par l’OMS qui en a fait une priorité dans ses recommandations pour la lutte contre le VIH.

«Nous prévoyons d’ici à la fin de l’année atteindre 400 000 autotests distribués, explique Clémence Doumenc-Aïdara, directrice du projet. L’amélioration de l’accès au dépistage est nécessaire pour réduire la morbidité du VIH, en particulier pour les populations clés : les travailleuses du sexe, les usagers de drogues et les homosexuels. Ces personnes à risque que les programmes actuels n’arrivaient pas à toucher, l’autotest permet de les atteindre.»

Le projet Atlas s’inscrit dans la cible des «trois 90» définie par les Nations unies, dont le premier objectif est de permettre à 90 % des personnes vivant avec le VIH de connaître leur statut sérologique. Mais les stratégies existantes n’ont pas réussi à sensibiliser suffisamment de nouvelles personnes afin d’atteindre cet objectif fixé à l’horizon 2020. En Afrique de l’Ouest, seulement 68 % des porteurs du VIH connaissent leur séropositivité.

«L’autotest oral apporte une plus-value, grâce à la dispensation secondaire, affirme Clémence Doumenc-Aïdara. Nous remettons plusieurs kits par cible, qui les transmettent ensuite à leurs pairs, leurs partenaires ou leurs clients», facilitant ainsi l’accès au dépistage. Plus besoin de se rendre en clinique ou d’attendre qu’un animateur ou un infirmier se rende dans le quartier. L’autodépistage salivaire peut être réalisé partout, à n’importe quel moment, sans aucune aide extérieure. Cette confidentialité est un attrait majeur pour des communautés stigmatisées dont la survie repose sur la discrétion. «L’année dernière, seize animateurs mobilisateurs de la communauté gay ont été arrêtés par la police dans un restaurant de Bamako pour déprédation de mœurs et atteinte à la pudeur, confie Mohamed. Certains ont été incarcérés, freinant notre travail de sensibilisation pendant plusieurs mois.»

Premier bilan encourageant

Il est 23 heures, ce mercredi, dans le quartier des boîtes de Bamako, et l’équipe de nuit de la clinique Soutoura – l’un des vingt-sept partenaires institutionnels de mise en œuvre du projet Atlas – entre dans une maison close. Alors qu’une musique afrobeat résonne dans la rue, une infirmière explique en anglais l’utilisation de l’autodépistage à des prostituées nigérianes. «Un test dans la bouche à faire toute seule, c’est beaucoup plus pratique que celui où l’on pique ton doigt pour prendre ton sang, lance Princess, 30 ans, originaire de Lagos. Je vais en prendre plusieurs pour en distribuer à mes amis et clients.» Si elle ne craint pas l’épidémie de VIH, «moins forte ici qu’au Nigeria», ce n’est pas le cas d’Aïcha, sa collègue malienne : «Quand tu es séropositif au Mali, les gens refusent de manger avec toi, de te parler. Tu es mis de côté, on t’efface, tu vis dans un univers vide.»

Aïcha est séronégative, contrairement à sa mère et à sa sœur, âgée de 10 ans. «Ma mère l’a attrapé de mon beau-père, un salopard de rien du tout qui sortait tous les soirs coucher avec des filles dans les bars, s’énerve-t-elle. C’est à cause de lui que ma maman est tombée malade et a transmis la maladie à ma sœur dès sa naissance.» Aïcha, 22 ans, a commencé à se prostituer il y a deux mois. Elle n’arrivait plus à subvenir aux besoins de sa famille suite à la perte de son emploi pendant la pandémie. «Le Covid-19, tout le monde en parle, tout le temps, comme s’il n’y avait rien d’autre, alors que le sida tue toujours, lance-t-elle. Il ne faut pas nous oublier.»

En avril, le projet Atlas a sorti un premier bilan encourageant : 40 % des utilisateurs de l’autotest ne s’étaient jamais fait dépister auparavant. Au Sénégal, où la revue des indicateurs nationaux du VIH vient d’être terminée, le nombre de personnes séropositives ayant pris connaissance de leur statut a augmenté de 3 % grâce à l’autotest. Il permet désormais au pays de dépasser la moyenne régionale et d’atteindre 71 %. Pas suffisant pour cocher la case du «premier 90», mais un progrès notable en vue de l’objectif rehaussé à 95 % pour l’horizon 2025.