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Vie affective et sexuelle des PVVIH

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Source : seronet.info

Le 13 octobre dernier, l’association Actions Traitements organisait son colloque scientifique annuel en présentiel. Au programme, un enjeu de grande importance pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) : la vie affective et sexuelle. Seronet était présent et revient sur quelques moments forts de cette journée.

Séropo, super héros ?

Intervenant de la journée, le Dr Michel Ohayon, directeur médical du 190 (centre de santé sexuelle LGBT à Paris), fait une présentation sur la vie sexuelle des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et la place du VIH dans cette communauté. Celui qui se définit lui-même comme un « observateur » plutôt qu’un chercheur, déroule une hypothèse volontairement provocatrice, mais très intéressante. Et si, de nos jours, les hommes gays ou bisexuels séropositifs étaient des super héros ? L’infectiologue et sexologue suit des HSH séronégatifs et séropositifs depuis plus de 30 ans. De ses observations, il a développé un concept qu’il explique lors de sa présentation et dans un article publié dans la revue Sexologies en 2019. Selon lui, le VIH exerce « une place centrale, quasiment fondatrice dans la sexualité des gays depuis plus de 40 ans. Pas un seul gay ne vit pas dans l’obsession du VIH ».

Partant de ce constat, Michel Ohayon explique que « le séropo  peut avoir des rapports sexuels sans craindre d’être contaminé par le VIH, puisque c’est déjà fait ». Mieux encore, son traitement rend sa charge virale indétectable et il peut devenir « l’amant idéal » puisqu’avec lui, l’absence de transmission est garantie. En s’affranchissant de la peur du sida dans un groupe profondément marqué par cette peur, le séropo développe un « super pouvoir » et c’est en cela qu’il devient un « super héros ». Pour illustrer sa théorie, le médecin cite une anecdote d’un de ses patients qui, suite à la découverte de sa séropositivité, lui a rapporté la réaction de son partenaire sexuel régulier qui est séronégatif : « T’as de la chance, maintenant tu peux faire ce que tu veux ».

Revers de la médaille, en devenant indétectables, les personnes vivant avec le VIH acquièrent le « pouvoir de se rendre invisibles, sérologiquement, socialement, sexuellement », affirme Michel Ohayon. Dans la revue Sexologies, le médecin illustre la problématique de cette « cape d’invisibilité » et la sérophobie persistante dans le milieu gay : « Vous êtes indétectables, vous pouvez faire ce que vous voulez ; circulez et laissez-nous vivre entre nous, laissez-nous croire en l’illusion d’un monde sans sida, n’incarnez pas notre peur, soyez absent et, surtout, démerdez-vous », semble dire une partie de la minorité à l’autre. Le médecin revient également sur le terme bareback qui correspondant à une réalité dans les années 90 (principalement des organisations sexuelles entre PVVIH qui ne voulaient ou pouvaient plus utiliser de préservatifs) mais qui n’a plus aucun sens en 2022 à l’ère de la Prep et de U = U. Il rappelle, par ailleurs, que la « sur contamination » est un « fantasme » longtemps brandi pour faire peur aux PVVIH qui voulaient abandonner le préservatif. Le fondateur du 190 souligne que ce qui revient le plus souvent dans ses consultations avec ses patients gays et séropositifs, c’est avant tout la peur « maladive » et parfois « irrationnelle » de transmettre le VIH quitte pour certains à renoncer à une vie sexuelle. Le médecin termine sa présentation sur la nécessité d’avoir un discours de prévention adapté à la réalité. Qui pratique la fellation avec préservatif ou l’anulingus/cunilingus avec une digue dentaire demande Michel Ohayon ? L’injonction à utiliser l’ensemble des outils de protection n’est pas efficace. Mieux vaut inciter les personnes qui ont plusieurs partenaires à se faire dépister tous les trois mois. Car oui, on trouve plus d’IST mais c’est surtout car on les cherche plus ironise Michel Ohayon. Une présentation qui fait du bien.

L’article complet ici seronet.info

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